Auteur : Entrail_Jl
Traductrice : Moonkissed
Un grand manoir.
Un sentiment familier m’envahit. Une fois de plus, je me sentais présent, mais en même temps pas. Je pouvais voir et bouger, mais je n’étais pas… « ici ».
‘… Serai-je capable de gagner quelque chose ?’
Je regardai autour de moi.
L’endroit était finement décoré de meubles et de tableaux partout. Il était clair que celui qui vivait ici était plutôt aisé.
Je concentrai mon attention sur l’un des tableaux accrochés au mur.
‘Une famille de quatre personnes.’
Deux adultes et deux enfants. Deux garçons et deux filles.
‘… Sont-ils les propriétaires de ce manoir ?’
« A-au secours… ! »
C’est alors que je l’entendis. Une jeune voix. Celle d’un enfant, semblait-il.
Crac !
« Je-je ne peux plus respirer… »
Les flammes engloutissaient les alentours.
« Fr-frère… Je ne peux plus respirer. »
Deux enfants blottis dans un coin de la pièce. Ils regardaient les flammes qui faisaient rage avec effroi.
J’ai ressenti une sensation familière alors que des informations me submergeaient l’esprit.
Une famille de la haute société. Très respectée au sein de l’Empire. Les deux enfants dans la pièce étaient les seuls héritiers de la succession. Un an de plus que la fille, le garçon était le frère aîné.
Dans ces flammes qui faisaient rage.
« Maman et papa vont venir… »
Son instinct prit le dessus et il protégea la fille.
« Ça fait mal… Ça fait mal… »
La sœur se blottit dans ses bras.
« Ne t’inquiète pas, maman et papa arrivent… Attends un peu… »
Bien qu’il ait dit cela, le garçon ne semblait pas sûr de lui. Je ressentais toutes les émotions qu’il ressentait. Il était principalement dominé par la peur, mais il faisait de son mieux pour ne pas le montrer.
Pour le bien de sa sœur…
« Je vais te protéger. »
Il était prêt à repousser ses peurs.
Crac !
« Ahhh… ! »
Mais les flammes continuaient de faire rage.
« Ça fait mal… ! Frère. »
« Reste derrière moi. »
Il la couvrit de ses bras.
La chaleur du feu le brûlait.
Il n’avait que huit ans, et pourtant…
« Ukh. »
Il comprenait trop bien son devoir.
« … »
Je fixai d’un regard vide la scène qui se déroulait devant moi.
La scène me frappa plus fort que je ne le pensais. Elle me rappelait beaucoup moi-même. Non, c’était le reflet parfait de ce que j’essayais d’être.
Mais…
‘J’ai fui mon devoir.’
« Ha ! »
Ma poitrine se souleva alors qu’elle était transpercée par une douleur trop familière.
« Eli ! Emily ! »
Une voix me fit sortir de mes pensées.
Au loin, une silhouette apparut. Elle avait l’air hagard et semblait en détresse.
Crac !
Les flammes continuaient de brûler.
Mais au milieu des flammes, les visages des deux enfants s’illuminèrent.
‘Elle est enfin là.’
Juste à temps.
« Maman ! »
Les enfants se levèrent précipitamment pour se diriger vers leur mère.
Mais…
Pan !
« Ahhhh ! »
Le plafond s’effondra et le feu se propagea.
« Eli ! Emily… !! »
Le cri de la mère résonna dans la mer de flammes alors que les deux enfants se baissaient de peur.
« Ça fait mal. »
« Je ne veux pas mourir. »
« Maman. »
« Papa. »
« Sauvez-nous. »
Leurs voix entrèrent dans ma conscience alors qu’ils se tenaient la tête.
« … S’il te plaît, sauve-moi. »
« Maman ! »
« J’ai peur. »
« J’ai tellement peur… »
Le feu s’intensifia et les murs brûlèrent. Le crépitement du feu résonna. Le toit s’effondra vers l’intérieur. Les braises se dispersèrent dans toutes les directions et la fumée recouvrit tout.
« Keuf… ! Keuf… ! »
Dans la lutte, les deux frères et sœurs se serrèrent l’un contre l’autre. Comme s’ils étaient la seule chose sur laquelle ils pouvaient compter.
Pan !
Pan !
La structure commença à s’effondrer.
Tout espoir semblait perdu quand.
« Attrapez ma main ! »
Une main se tendit derrière les flammes. Les visages de leur mère apparurent de derrière.
« Attrapez-la ! »
« Maman ! »
« Maman… ! »
L’espoir s’alluma dans l’esprit des enfants alors qu’ils tendaient la main.
Ils la tendirent tous les deux en même temps, mais…
Une seule main saisit la main tendue.
Le garçon regarda sa mère qui le regardait avec des yeux écarquillés. Le bras se rétracta et il sentit sa sœur disparaître.
Crac !
Peu après, les flammes engloutirent complètement sa vision, inondant son corps d’une douleur intense.
Mais la seule chose à laquelle le garçon pouvait penser était sa mère.
« Ça fait mal… »
« Maman. »
« … Où es-tu ? »
Il l’attendait.
« Je suis là… »
« Tu reviens ? »
« Maman. »
Que sa main se tende à nouveau vers lui.
Mais…
Elle ne le fit jamais.
Même alors qu’il sentait tout son corps brûler.
L’espoir.
Il persistait encore, et je le sentais.
Mais il ne vint jamais.
?| Niv. 1. [Colère] EXP + 3 %
L’obscurité prit le dessus à partir de ce moment-là. Mais elle fut rapidement brisée lorsque la chaleur qui avait envahi chaque partie du corps de l’enfant disparut et qu’il sentit la présence de quelqu’un.
« Maman… ? »
Était-elle enfin venue ?
Un sentiment de soulagement envahit le corps de l’enfant alors que l’obscurité enveloppait sa conscience.
Ce sentiment de soulagement fut cependant de courte durée.
« Réveille-toi. »
Une voix ramena le jeune garçon à la réalité.
C’était une voix rauque et détachée. Quand il rouvrit les yeux, le garçon se retrouva dans une grande caverne.
Il n’était pas seul. Plusieurs autres enfants étaient autour de lui. Tous étaient blottis les uns contre les autres, effrayés.
« Maman ? »
Il appela sa mère, mais elle était introuvable.
« Oublie tout ce que tu sais. Ton identité n’a plus d’importance. Si tu veux la liberté, tu dois la mériter. »
L’homme sourit. C’était un sourire qui semblait chaleureux à ceux qui le regardaient. Mais c’était aussi le même sourire qui forçait les enfants à mourir de faim.
« Travaille plus dur. »
C’était un vrai salaud.
« Tu n’as pas assez travaillé. Tu ne mangeras pas aujourd’hui ! »
« Non… J’ai faim… Je travaillerai plus dur… S’il te plaît… Juste un peu… »
« Tais-toi ! »
« Ahhhh ! »
Même lorsque les joues des enfants s’enfonçaient à cause de la faim, il s’en fichait.
« … Pour Ciel Inversé ! Priez ! »
Un fanatique.
« Ce n’est pas assez ! »
Un fou qui prenait plaisir à torturer les petits enfants.
« Espèces d’inutiles ! Vous ne serez d’aucune utilité à ce rythme ! »
Les affamer.
« Je suis inutile… »
Leur laver le cerveau.
« Ça fait mal… Ça fait mal… Mais c’est pour le Ciel renversé. »
« J’ai faim… »
C’était ce qu’il était.
« … Tout est pour le ciel renversé. »
Les enfants oubliaient peu à peu la douleur et la faim. Même lorsqu’ils s’évanouissaient de faim et de douleur, la seule chose qu’ils murmuraient était…
« Pour le Ciel renversé. »
C’était comme si leur vie n’avait plus d’importance.
J’ai vu cela se produire encore et encore. Des milliers d’enfants allaient et venaient. À la fin, il ne restait que des marionnettes sans esprit qui ne croyaient qu’en une seule chose.
« Vive le Ciel Inversé. »
Leur identité avait été dépouillée.
Tout comme leur humanité.
Il ne leur restait plus que leur voix.
« J-j’ai faim… J-j’ai mal… »
Mais même cela commençait à s’estomper.
Un seul enfant n’avait pas perdu la voix.
« … »
Dans le silence, je m’approchai de lui.
« J’ai mal… J’ai faim… Maman… »
Même maintenant, il s’accrochait au passé. À sa mère qui l’avait abandonné dans les flammes.
Peu à peu, mes pas s’arrêtèrent et il tourna la tête.
Un visage brûlé familier. Ses yeux, bien qu’innocents, avaient une certaine clarté lorsqu’ils me regardaient.
« … Tu n’es pas Julien. »
Je fermai les yeux avant d’acquiescer.
« Je ne le suis pas. »
L’enfant hocha la tête comme s’il comprenait la situation.
Il regarda autour de lui.
« Ce sont des souvenirs que j’avais oubliés depuis longtemps. »
« … »
J’écoutai en silence.
« Mes souvenirs de ma famille sont plutôt flous. Comment vont-ils en ce moment ? Sont-ils en bonne santé ? Ma sœur va bien ? Pensent-ils encore à moi… ? »
Son visage changea soudainement et je sentis ma mâchoire se serrer.
« Tu as vu mes souvenirs, n’est-ce pas ? Comment j’ai eu mon visage. »
La façon dont il me regardait…
Ça me donnait la chair de poule.
« Cette main… »
Sa tête s’inclina et je sentis mon souffle s’arrêter.
Une variété d’émotions inonda soudainement ma poitrine.
Mais surtout…
« … Était-ce pour moi ou pour ma sœur ? »
Tout ce que je ressentais, c’était de la colère.
Un étrange sentiment d’étouffement m’envahit alors que ma poitrine s’alourdissait.
« Tu as vu son visage. Qui était celle qu’elle essayait de sauver ? »
Son visage restait stoïque et inchangé, mais pas sa colère. Elle bouillonnait encore plus violemment.
« Est-ce parce qu’elle a atteint plus vite que moi ? C’était ça ? Qu’est-ce qui se serait passé si j’avais tendu la main en premier ? »
J’avais l’impression que ma poitrine se déchirait tandis que ses yeux restaient rivés sur moi.
« … Aurait-elle pris ma place ? Ou aurais-je quand même été rejeté ? »
Il disparut à ce moment-là, alors que le monde s’assombrissait.
Mais même alors, son visage ne disparut pas.
Il resta gravé dans mon esprit. Sa voix murmurait au fond de mon esprit.
« Qui essayait-elle de sauver ? »
« Moi ? »
« … Ou elle ? »
À la fin…
?| Niv. 1. [Colère] EXP + 13 %
Je n’ai jamais pu répondre à sa question.
« … »
Mais je n’avais pas le temps de m’attarder sur la question. Dès que j’ai retrouvé la vue, j’ai été accueilli par une douzaine d’yeux différents qui me fixaient de loin.
J’ai alors compris que mon chemin était bloqué.
Mais je m’en fichais.
J’avançai ma main, d’où sortirent lentement cinq fils. Un cercle magique violet flottait au-dessus de moi tandis que les fils changeaient de couleur.
Puis…
Fixant les créatures qui arrivaient, je serrai la main.
Vroum… !
***
« … Tu crois qu’ils nous attendent en bas ? »
La voix d’Evelyn résonnait dans les tunnels vides, se mêlant au bruit de leurs pas alors qu’ils se précipitaient vers le trou devant eux.
Elle était la plus en arrière, tandis que Leon menait le groupe de l’avant.
Son expression était difficile à lire. Cependant, il était clair qu’il était inquiet.
« Je ne sais pas. »
Leon secoua la tête.
Cela faisait à peine une minute qu’ils avaient réussi à vaincre le Nyxfernal de rang junior.
Ils avaient retardé la collecte des champignons et s’étaient directement dirigés vers le trou pour chercher Julien et Wesley.
Thud. Thud.
Dès qu’ils touchèrent le sol, ils ne rencontrèrent que l’obscurité. L’air était humide et une odeur putride flottait dans l’air.
« Ugh… »
« Quelle est cette odeur ? »
L’odeur était si horrible qu’Evelyn dut se couvrir le nez pour éviter de vomir.
Bien qu’elle ne le montra pas directement, Aoife semblait également la détester, car son nez se plissa.
Ploc ploc… Ploc ploc… !
Un léger bruit de clapotis au loin attira l’attention de tout le monde. Il brisa le silence qui s’était emparé des environs.
Sans hésiter, Leon tendit le bras vers son sac pour en sortir sa lampe de poche. Il voulait mieux voir ce qui l’entourait….
Et quand la lumière fut enfin là, il se figea.
Tout le monde fit de même.
« Ah… »
En regardant les cadavres jonchant le sol, Leon leva lentement la tête pour fixer la personne assise dessus.
Trempé de sang des pieds à la tête, sa silhouette se mit à trembler dès que la lumière se refléta sur lui.
Puis…
Il leva lentement la tête pour les regarder et sa voix rauque résonna.
« Vous êtes là… »