Auteur : Entrail_Jl
Traductrice : Moonkissed
Tout semblait si réel.
De la poussière dans l’air à la douce brise qui soufflait….
Et en particulier, le froid qui enveloppait mon cœur.
Tout semblait si réel que pendant un moment, juste un instant… J’ai cru que j’étais là, à revivre le moment, et que ce n’était pas une vision.
‘Comment… ?’
J’avais du mal à comprendre ce que je voyais.
Comment Leon avait-il pu mourir… ? N’était-il pas censé être le personnage principal du jeu ? Pourquoi…
Je m’interrompis là.
Peu après, tout devint clair. La raison de sa mort, et de cette manière…
Tout devint clair.
‘C’est à cause de moi.’
Mon existence avait causé cela. J’étais celui qui avait créé cette situation. À l’origine, il était censé être l’Étoile Noire.
Le premier rang.
Ma présence lui avait enlevé cela et avait changé le cours du jeu.
Sa mort…
Tout cela à cause de mon existence.
« … ! »
Mais ce n’était pas fini.
Scrunch… Scrunch…
Je levai la tête pour regarder au loin. Vers le responsable de tout cela.
Ah…
Mon cœur se serra davantage.
La silhouette responsable de tout cela…
‘… Je ne peux pas le voir.’
C’était flou. Presque obscurci. La distance entre nous se rétrécit, pour finalement arriver à quelques mètres de moi.
Je sentis mon corps se raidir à sa vue.
C’était comme s’il me regardait. Comme s’il savait que j’étais là. Mais…
Ce n’était pas possible. Et cela s’avéra être le cas lorsqu’ils baissèrent la tête pour regarder Leon.
Ploc… ! Ploc… !
Le sol se teintait de rouge alors que l’ombre baissait son regard.
‘Du sang… ?’
Ah…
Une prise de conscience me frappa. Qui que fût cette silhouette, elle n’était pas sortie indemne du conflit avec Leon.
« …. »
Le silence qui s’était emparé des environs était étouffant.
Kiera, qui se trouvait à quelques mètres de là, se tenait debout en silence, fixant la scène avec un regard désespéré, tout en essayant de se relever.
« Ukh… ! »
Mais ce fut en vain.
Ses jambes étaient brisées.
La dernière chose que j’entendis avant que la vision ne s’effondre fut…
« Toi, parmi tous les gens… »
Tout redevint sombre et je sentis à nouveau mon corps sous contrôle.
« Huaaaa… ! »
J’avalai bruyamment de l’air dès que je repris le contrôle de mon corps, alors que je me courbais et que je posais ma main sur un arbre à proximité pour m’appuyer.
« Haa… Haaa… »
La sueur coulait sur le côté de mon visage alors que mon souffle quittait mon corps.
Ba… Boum ! Ba… Boum !
J’entendais le son de mon propre rythme cardiaque dans mon esprit alors que j’essayais de me remettre du choc de la vision.
« Haaa… »
Ma tête était légère et le monde flou.
Mais malgré cela, je n’avais pas d’autre choix que de récupérer rapidement.
« P… haaa… putain de merde. »
Une malédiction glissa de ma bouche et je me secouai la tête.
‘Maintenant, de tous les putains de moments…’
Quel genre de situation était-ce ? Ne pouvais-je pas avoir une pause pour une fois ?
« Huu… »
Bien que je me plaignais, je fouillais déjà dans mon sac à dos où j’avais pris un petit objet rouge.
[Usage d’urgence uniquement]
Je regardai l’appareil dans ma main. C’était quelque chose que tous les cadets recevaient. Bien que la zone soit sûre et que la plupart des cadets soient puissants, des accidents pouvaient se produire. L’appareil était censé être utilisé dans de tels cas.
Cela dit…
« … Quelle excuse vais-je utiliser ? »
Il y avait des répercussions à utiliser l’appareil en cas d’absence d’urgence.
J’avais peur de telles conséquences, mais…
« Peu importe. »
Ce n’était pas quelque chose à quoi je pouvais penser sur le moment. Au pire, je pouvais simplement dire que mes blessures étaient trop importantes pour moi.
Avec de telles pensées, j’ai appuyé sur l’appareil.
Clic…
Mais…
« … »
Il ne s’est rien passé.
« Qu’est-ce que… ? »
Clic…
J’ai cliqué à nouveau.
Mais…
Encore une fois, rien ne se passa.
C’est alors que je réalisai. Mon appareil… Il était cassé.
« Ceci… »
Je sentis mon estomac se serrer à cette prise de conscience. Cela ne pouvait pas être une coïncidence, n’est-ce pas… ?
C’était tout simplement impossible. À tout le moins, je refusais de croire que ce soit le cas. Cela avait certainement quelque chose à voir avec la situation.
Mais encore une fois…
Cela me posa une nouvelle question.
« Pourquoi l’institut n’est-il pas au courant ? »
Était-ce peut-être un autre de leurs tests ?
« Non, ce n’en est pas un. »
Je pouvais encore me souvenir de l’expression sans vie de Leon alors qu’il tombait à mes pieds. De l’expression choquée de Kiera, et de l’intensité de la silhouette obscure dans la vision.
Ceci…
Ce n’était pas un test.
C’était réel.
« Putain… »
Je ne pouvais rien faire d’autre que de jurer. Je ne savais pas quoi faire. La silhouette était beaucoup plus forte que moi. Pour être capable de tuer Leon, un chevalier de niveau 2… Il devait être au moins de niveau 3 en force.
Plus le niveau était élevé, plus ils étaient rapides et efficaces pour contrôler le mana et utiliser les sorts.
J’étais simplement au niveau 1.
Comment étais-je censé faire quelque chose contre la silhouette… ?
Mais…
« Et merde. »
Je serrai les dents et attrapai mon sac à dos.
Je n’avais pas d’autre choix que d’agir.
Leon ne pouvait pas mourir.
S’il mourait…
J’étais foutu.
***
« … »
Un silence étrange s’abattit sur les environs alors que Leon scrutait attentivement le paysage.
Il y avait quelque chose dans l’environnement qui était…
Dérangeant.
SHIIIIING—— !
Il dégaina son épée et plissa les yeux. Une expression grave marqua son visage.
Tous les humains naissent avec une compétence [innée]. Bien que l’Académie n’exigeait pas d’en partager la nature, quelques cadets aux talents plus faibles avaient tendance à l’exposer dans l’espoir d’être acceptés.
La compétence [innée] de Leon s’appelait [Instinct].
C’était une compétence innée qui lui donnait la capacité de sentir quand les choses n’allaient pas bien.
C’est exactement pour cette raison qu’il était sûr que l’actuel « Julien » était un imposteur et qu’il n’avait pas menti sur sa situation à l’époque….
Et c’est aussi exactement pour cette raison qu’il hésitait à le combattre.
Ses instincts…
Ils lui disaient de ne pas le combattre.
Que ce n’était pas quelqu’un qu’il pouvait facilement affronter.
« Huuuu… »
Il y avait rarement eu des moments où son instinct s’était trompé. Il y avait eu des occasions où cela s’était produit, mais ces moments étaient rares et il aimait toujours jouer la sécurité. Et ce n’était pas non plus comme s’il était actif tout le temps.
Il y avait eu de nombreuses fois où son instinct n’avait rien détecté. Mais dans les rares moments où il l’avait fait… Il s’était toujours assuré d’être prêt.
Par conséquent…
Balayant une fois de plus les environs, il commença secrètement à faire circuler le mana dans son corps.
En tant que chevalier de rang 2, ses sens étaient plutôt aiguisés. En quelques instants, il ressentit le moindre détail de son environnement.
De la vitesse du vent au nombre de brins d’herbe autour de lui.
« … ! »
C’est aussi grâce à cela qu’il a pu réagir à temps, déplaçant soudainement son corps en pivotant son pied et en positionnant la lame devant lui.
Bang !
Des étincelles volèrent dans les airs alors que Leon sentait son corps déraper sur plusieurs mètres avant de s’arrêter.
« Aïe… ! »
Un gémissement s’échappa inévitablement de ses lèvres alors qu’il sentait sa poitrine se déformer légèrement. La puissance de cette frappe…
Ce n’était pas quelque chose qu’il aurait pu encaisser sans se protéger.
Qui que fût cet ennemi…
Il était sans aucun doute plus fort que lui.
Crunch… Crunch…
Leon sentit son corps se tendre alors que les buissons voisins bruissaient et qu’une silhouette se détachait progressivement devant lui.
Lorsque la silhouette devint plus nette, les yeux de Leon s’écarquillèrent et son expression se fissura.
« C’est toi… ? »
***
« Que suis-je censé faire… ? »
J’étais perdu. Je ne savais pas par où commencer. La forêt était immense et trouver Leon était plus facile à dire qu’à faire.
La seule chose que je savais, c’était l’emplacement exact.
Je me souvenais de presque tous les détails de l’endroit.
Mais c’était tout…
Je n’étais pas sûr de l’endroit exact. Même la carte que j’avais en main ne me servait à rien.
‘Merde…’
À ce moment-là, il avait probablement déjà rencontré l’ennemi. Combien de temps pouvait-il tenir ? Une minute ? Deux minutes ? Dix minutes ?
L’idée me rongeait l’esprit alors que je continuais d’avancer. Je n’avais pas d’autre choix que de bouger. Leon ne pouvait pas mourir… Sa mort signifierait que la probabilité que je sois démasqué comme « fraudeur » était presque garantie.
Et ensuite… ?
Me cacher et attendre que le monde m’oublie ? Même si c’était possible, ce n’était pas ce que je voulais.
J’avais un objectif clair en tête.
Et Leon était la pièce maîtresse pour m’aider à atteindre cet objectif….
Je ne pouvais pas me passer de lui.
« Il ne peut pas mourir… »
Je me le rappelais.
Il ne pouvait pas mourir.
« Haa… Haa… »
Je courais depuis quelques minutes, quand…
Bruissement —
Les buissons près de moi bruirent et une voix suivit le mouvement.
« Je t’ai trouvé. »
***
« Tss… »
Kiera claqua de la langue en regardant autour d’elle. Elle était toute seule dans la forêt, sans personne en vue.
Ses mains picotaient et elle chercha instinctivement dans sa poche.
Mais elle était vide.
« … »
Son cœur se mit à battre plus vite.
Sa respiration aussi, tandis que ses doigts tremblaient. Une sensation de vide se répandit dans sa poitrine tandis que son œil gauche se contractait.
« Merde… »
Pourquoi les gens fumaient-ils… ? Chaque personne avait sa propre réponse à cette question.
La réponse de Kiera était…
‘C’est réconfortant.’
Ses poumons se réchauffaient, son esprit se détendait et elle oubliait un instant qu’elle n’était pas seule.
C’était la réalité horrible de sa vie.
Elle était seule.
Les personnes qu’elle appelait « sa famille » ne se souciaient que du prestige et de l’honneur. C’était pour cette raison qu’elle détestait les nobles, même si elle en était une.
Elle détestait aussi l’obscurité.
Elle la sentait étouffante.
C’était sa malédiction. Elle ne savait même pas pourquoi elle était comme ça. C’était comme ça depuis aussi longtemps qu’elle s’en souvienne. Mais cela la hantait depuis aussi longtemps qu’elle s’en souvienne.
C’était pour cette raison qu’elle fumait.
Pour elle…
Fumer était son remède.
Cela apportait de la chaleur.
Ziiiip…
Kiera ouvrit son sac et en sortit un paquet de cigarettes.
[Rose de Milton]
La boîte familière, et l’odeur familière. Brièvement, cela apaisa l’obscurité qui l’entourait.
*Puff*
Une lumière orange vacilla dans l’obscurité alors que Kiera tirait sur sa cigarette.
Ses poumons brûlaient d’une sensation trop familière, et son esprit se calma. Mais elle fronça bientôt les sourcils.
« … On dirait que je dois changer l’intensité. »
Les cigarettes avaient différentes intensités. Principalement parce que les Surhommes capables de manier le mana avaient une certaine résistance aux produits chimiques contenus dans les cigarettes normales.
C’était pourquoi les cigarettes que Kiera utilisait étaient spécialement conçues pour les Surhommes.
Alors que les cigarettes normales ne pouvaient pas leur nuire, celles-ci pouvaient…
Plus elle atteignait un niveau élevé, plus la cigarette devait être intense pour qu’elle ressente quelque chose.
C’était aussi pour cette raison que les dommages causés par le tabagisme ne pouvaient pas être guéris.
*Puff*
Mais ce n’était pas comme si elle s’en souciait.
Fermer les yeux, elle s’appuya contre un arbre voisin et savoura le goût de la cigarette.
Son esprit se détendit et tous ses soucis disparurent.
Une fois qu’elle eut fini, son esprit était clair. L’obscurité ne semblait plus aussi intimidante qu’elle l’avait été quelques instants auparavant.
Son corps était chaud.
« Finissons-en avec cette merde. »
Elle remit le paquet dans son sac et sortit le livret de la tâche.
Flip… !
Elle venait d’ouvrir la première page quand…
———— !
Un rugissement retentissant résonna. Au même moment, le sol sous ses pieds trembla et les arbres à proximité furent brisés.
L’équilibre de son corps se déstabilisa, ne lui laissant pas le temps de réagir.
« … Hein ? »
Boum !
Une silhouette fit un bond en arrière, ne s’arrêtant qu’après avoir planté son épée dans le sol.
Les yeux de Kiera s’écarquillèrent à sa vue.
Et sa bouche s’ouvrit pour marmonner :
« Leon… ? »