Auteur : Entrail_Jl
Traductrice : Moonkissed
« C’est un plaisir de vous rencontrer, princesse. J’aimerais discuter de quelques sujets. »
« Princesse, c’est vraiment un honneur de vous avoir ici. Pouvons-nous avoir un moment pour parler… ? »
« Princesse… »
C’était la même chose que d’habitude. Rien n’avait changé. Les lumières brillaient de mille feux sur son chemin, tout le monde cherchant des moyens de l’approcher.
Les rassemblements étaient pénibles pour elle.
Ce n’était pas qu’elle ne comprenait pas leur importance… elle comprenait, mais… ce n’était pas quelque chose qu’elle attendait avec impatience. Le poids de son rôle pesait lourdement sur ses épaules.
« Je vais le faire. »
Aoife se massait légèrement les joues.
Elles étaient devenues raides à force de sourire.
Il était de bon ton pour elle de saluer tout le monde avec le sourire. Extérieurement, elle devait maintenir la perfection ; il ne pouvait y avoir aucun défaut dans son apparence.
Comme une rose sans épines.
« … Je trouverai certainement le temps plus tard de discuter de ces questions avec toi. »
« Haha ~ Vraiment ? Merci beaucoup. »
L’homme à qui elle parlait était plutôt beau. Avec ses cheveux bruns courts et ses yeux vert foncé, il se démarquait des autres.
Bien qu’il ne soit pas issu d’une famille notable, sa magie était puissante. Il ferait certainement un bon contact.
Mais…
‘L’odeur.’
Aoife sentit son nez se plisser à chaque inspiration.
Tout son corps était enveloppé d’un épais nuage de parfum. Un parfum très puissant. L’odeur était si envahissante qu’Aoife avait du mal à garder son visage impassible.
« … Mais est-il possible d’en parler maintenant ? »
Les lignes se brouillaient lentement.
« Malheureusement, je suis occupée. »
Aoife secoua la tête et signala clairement son refus.
« Haha, ça ne prendra pas longtemps. S’il vous plaît, écoutez-moi. »
« Je suis désolé. »
Il insista.
« Ça ne prendra vraiment pas autant de temps. J’insis… »
[Le fils du troisième chef de la baronnie d’Evenus. Un cadet de première année et l’Étoile Noire. Julien Dacre Evenus.]
Un certain nom résonna dans la salle et le bruit à l’intérieur de la salle s’estompa.
Les têtes se tournèrent et les portes s’ouvrirent.
Vêtu d’une tenue noire qui accentuait parfaitement son apparence, son entrée capta l’attention de toutes les personnes présentes dans la salle.
Avec ses traits ciselés et ses pas calmes et réguliers, il dégageait un air de noblesse. Ses cheveux foncés et ondulés encadraient ses traits parfaits.
Le regard perçant du noble avait un attrait magnétique, laissant une impression indélébile à ceux qui posaient leurs yeux sur lui.
« Il est là. »
« N’est-ce pas… ? »
« C’est lui, n’est-ce pas ? »
Des chuchotements se propagèrent dans le hall tandis que les gens parlaient de lui.
‘Il est là…’
L’expression d’Aoife resta inchangée lorsqu’il entra.
Comme prévu, seule sa présence pouvait attirer l’attention de toutes les personnes présentes. Cependant, contrairement à elle, personne ne s’approcha de lui.
Lui aussi était une rose.
Mais contrairement à elle, il était rempli d’épines. Une épine qui éloignait les autres de lui. Il ne pouvait qu’être admiré, mais pas touché.
Une caractéristique qui rendait Aoife jalouse de lui.
Mais elle n’était pas comme les autres.
Tak… !
Ses talons claquaient sur le sol en marbre alors qu’elle avançait. Tous les yeux étaient rivés sur elle.
La distance entre eux se réduisait.
« … »
Et elle se retrouva bientôt devant lui.
Il ne changea pas beaucoup d’expression. Il la regarda simplement. Son regard était pressant, presque intimidant.
‘Comme on peut s’y attendre d’une rose remplie d’épines.’
Le simple fait de se tenir à côté de lui était intimidant.
Cela dit…
« Je t’attendais. »
Les lèvres d’Aoife se retroussèrent et elle tendit la main.
« … Voudrais-tu me faire l’honneur ? »
Les simples épines n’étaient pas ce qui inquiétait Aoife.
***
« … »
Devrais-je prendre la main… ?
Je regardai la main tendue. Sentant les regards de tous ceux qui m’entouraient, je levai les yeux pour regarder Aoife.
‘À quoi pense-t-elle ?’
J’avais du mal à comprendre le motif de ses actions.
Avait-elle un plan secret ou était-ce une sorte de caprice ? Je doutais que ce soit le cas.
‘… Comme c’est ennuyeux.’
Ce n’était pas comme si je pouvais refuser devant tant de gens.
De plus, même si je ne voulais rien avoir à faire avec elle à cause de la vision, je savais qu’il ne fallait pas l’agacer.
Peut-être que la raison pour laquelle elle m’avait tué dans la vision était à cause de la façon dont je me comportais.
Cela ne me servirait à rien.
La distance était une bonne chose, mais pas au prix de leur haine.
« Hmm. »
Par conséquent…
« … Ce serait avec plaisir. »
J’acceptai son offre et lui pris la main. Son expression se transforma subtilement en un air de surprise, mais elle s’empressa de le cacher. Avec un léger sourire, elle baissa la tête.
« C’est donc réglé. »
Nous nous dirigeâmes tous les deux vers un endroit plus isolé. Bien que des yeux nous observaient toujours, ils étaient nettement moins nombreux qu’avant.
Aucun d’entre eux ne semblait désireux de nous approcher.
Je la regardai alors qu’elle marchait à mes côtés. Comprenant apparemment mon regard, elle pinça les lèvres pour répondre :
« J’avais besoin d’une petite pause. »
« Oh. »
Je m’en doutais.
Mais était-ce tout ?
« C’est tout. »
Ses mots semblaient clarifier ce point.
Mais je ne lui faisais pas confiance.
« … Ça doit être dur d’être une princesse. »
« Ça aurait été plus dur si j’avais été l’Étoile Noire. »
« … »
C’était juste moi, ou avait-elle l’air aigrie ?
Je levai les sourcils pour la regarder.
Elle fronça les sourcils,
« Je ne le suis pas. »
« … Je n’ai rien dit. »
« Ton visage dit tout. »
C’était le cas ?
J’attrapai une tasse à proximité et savourai lentement la boisson. Mais, juste au moment où je bus une gorgée, je sentis mes sourcils se froncer et ma langue se ratatiner.
« …. »
« C’est du jus de raisin. »
« …. Je m’en doutais. »
Je reposai la boisson.
Est-ce que je détestais le jus de raisin… ? Non, pas vraiment. Ça ne me dérangeait pas. Cependant, il y avait quelque chose dans la boisson que mon corps rejetait.
« Sucré. »
C’était sucré.
Beaucoup trop sucré à mon goût.
« Sucré ? »
Quand Aoife goûta la boisson, elle haussa un sourcil. Elle me regarda avec un regard qui semblait dire : « De quoi tu parles ? »
Je penchai la tête.
Ne ressent-elle pas la même chose ?
« C’est trop. »
« Euh. Tu es bizarre. »
Moi ?
« Goûte ça. »
Elle me tendit une petite pâtisserie.
Je la regardai bizarrement.
« Pourquoi ? »
« Goûte. »
Elle insista. Je pensai la rejeter, mais voyant à quel point elle insistait, je décidai de jouer le jeu et pris une petite bouchée.
Ça ne ferait pas de mal de toute façon.
« … »
Au moment où je mordis dans la pâtisserie, mes lèvres se pincèrent et j’oubliai momentanément comment avaler.
J’avais beau essayer, je n’arrivais pas à avaler.
Qu’est-ce que…
« … Comme prévu. »
Les lèvres d’Aoife se retroussèrent en réalisant.
« Tu ne supportes pas les sucreries. »
Je pris le mouchoir le plus proche et crachai la pâtisserie. Quand je jetai un coup d’œil à Aoife, je remarquai un léger changement dans son expression.
C’était comme si elle trouvait quelque chose d’amusant.
« … Je suppose que tu n’es pas aussi parfait que tu le prétends. »
Qu’est-ce que ça veut dire…
Et pourquoi a-t-elle l’air si satisfaite ?
« Toi… »
Ma bouche s’était ouverte pour dire quelque chose quand j’ai réalisé qu’elle était déjà partie. « Quand est-ce qu’elle… » En regardant autour de moi, j’ai vu que mes yeux suivaient son dos.
Pour une raison quelconque, en regardant son dos, ses pas semblaient plus légers que d’habitude.
‘Dingue.’
« Hum ? »
Un brusque tiraillement de mes vêtements attira mon attention.
Je regardai autour de moi, mais je restai perplexe.
Rien.
« Qu-ah. »
Je baissai les yeux et rencontrai deux regards.
Regard fixe…
« Euh… ? »
Ils me fixaient avec une intensité incroyable.
Mais…
« Une enfant ? »
Ils appartenaient à une enfant. Une petite fille aux longs cheveux noirs et aux grands yeux de cristal. Son apparence était extrêmement mignonne.
‘… Qu’est-ce qu’une enfant fait ici ?’
Mis à part sa beauté, j’étais perplexe.
Que faisait-elle ici ? N’était-ce pas censé être un rassemblement de personnes importantes ?
Peut-être l’enfant d’un professeur ?
Regard fixe…
Son regard devint encore plus intense. C’était comme si des lasers me tiraient dessus.
« Quoi… ? »
« … »
L’enfant ne répondit pas et se contenta de déplacer son regard.
En suivant son regard, je réalisai.
« Ah. »
Je levai la main. Celle qui tenait la pâtisserie.
« Tu en veux ? »
Elle hocha la tête.
Sa tête se balança de haut en bas tandis que de la salive coulait du coin de sa bouche. Elle s’empressa d’essuyer ses lèvres.
La scène était amusante.
« Tiens. »
Je lui tendis la pâtisserie qu’elle prit rapidement et enfonça dans sa bouche.
La vue me laissa momentanément abasourdi.
Quel genre de situation était-ce… ?
Cela dit, en la fixant, mes lèvres se déplacèrent doucement vers le haut.
« Nettoie d’abord ta bouche. »
Prenant un mouchoir, je tamponnai sa bouche.
« Ici aussi. »
Il y avait des miettes partout.
« Comment est-ce que tu manges… ? »
Elle me rappelait beaucoup mon petit frère.
« Ah… »
Je m’arrêtai quand je réalisai ce que je faisais.
Elle me rappelait tellement mon frère que j’avais agi sous le coup de l’impulsion.
« … »
Heureusement, elle n’avait pas l’air de s’en soucier puisqu’elle continuait à manger ses pâtisseries en paix. Je poussai un soupir de soulagement et me penchai en arrière sur la table.
Je ne savais pas comment me sentir.
Je me rappelais une fois de plus que mon frère n’était plus à mes côtés.
Qu’il y avait une chance que je ne le revoie jamais.
Une petite partie de moi me disait de passer à autre chose et d’abandonner. D’oublier mon ancienne vie et de tourner la page.
De telles pensées me hantaient chaque jour.
Mais… je ne pouvais pas. Je ne pouvais tout simplement pas. Jeter mon passé signifiait rejeter l’existence même de mon frère… Je ne pouvais pas le faire.
Même si cela signifiait que je poursuivais l’impossible, je n’avais pas l’intention d’abandonner.
J’abaissai la tête pour regarder mes mains.
Mais.
‘Pourquoi est-ce que je n’arrive pas à progresser ?’
Même si deux semaines s’étaient écoulées et que je m’étais entraîné tous les jours… Je n’arrivais pas à maîtriser mon autre magie.
C’était comme si elle me rejetait.
Malgré mes efforts, je n’arrivais pas à progresser.
C’était frustrant.
« Haaa… »
Je savais que je devais être patient.
Qu’un jour j’y arriverais. Mais… Combien de temps devais-je attendre avant que ce jour n’arrive ? Mes jours s’amenuisaient et la gravité de ma situation commençait à me peser.
Il ne me restait plus beaucoup de temps.
C’était vrai.