Les rues étaient animées, contrastant fortement avec les cris de douleur d’une jeune fille. Les passants se dispersèrent rapidement, la mort étant quelque chose qu’ils avaient trop souvent vu dans le désert. Ils étaient tous pressés de faire fortune, alors qui se soucierait de quelque chose comme ça ? Quelques voyous jetèrent même un coup d’œil à la bourse à monnaie devant la jeune fille.

Ils regardaient aussi sa personne. Même si elle était très jeune, sa beauté transparaissait à travers son visage en pleurs. Il y aurait probablement beaucoup de gens qui voudraient quelqu’un comme elle. La vendre à des trafiquants d’enfants serait rentable.

« Intéressant… Comment les choses vont-elles évoluer à partir de maintenant ? » Leylin observait, les bras croisés sur la poitrine, apathique comme un dieu là-haut. Il ne serait pas ému par la vie de ces individus.

Son attention se porta soudain sur un moine qui s’avançait lentement. Il dégageait une aura pugilistique, avec ses cheveux bruns courts, ses sourcils épais et son regard faible. Il ne portait qu’un vêtement grossier, avec des pièces de tissu qui le rendaient en lambeaux. Il ne portait qu’une seule chaussure.

Le moine avait même un sourire putride, ce qui éloignait la foule de lui.

« Un moine ! » Une trace de peur brillait dans les yeux de Leylin. Cette personne était puissante, déjà au royaume légendaire.

Les moines étaient des personnes que les démons ne voulaient pas rencontrer du tout. Ils rejetaient les plaisirs de la vie, leurs âmes inébranlables n’étant corrodées par rien. Rencontrer un moine légendaire était comme toucher le jackpot.

« Il y a un moine ici en ce moment… Cela a-t-il un rapport avec la cité flottante ? » Leylin fronça les sourcils. Cette équipe d’aventuriers aux pouvoirs quasi légendaires n’était pas digne de son attention, mais il devait se concentrer sur les actions de ce moine. Si leurs cibles étaient les mêmes, une autre variable serait ajoutée à son plan.

« Laisse-moi essayer… » Le moine s’approcha de la jeune fille en pleurs et parla d’une voix rauque, comme s’il n’avait pas bu d’eau depuis longtemps.

« Boohoo… Ça ne sert à rien. Le mercenaire vient de dire que, à moins d’être un prêtre de haut rang… » Vivian pleura, mais lui tendit quand même la bourse remplie de cuivre, le traitant manifestement de mendiant.

« Merci, jeune femme au grand cœur, mais je ne peux accepter ni cadeaux ni argent… » Il sourit doucement, puis s’approcha de l’aventurier inconscient. « C’est la fleur d’épine de l’enfer, une fleur commune et très toxique que l’on trouve aux confins du désert. Mais elle a déjà muté plusieurs fois… Ce sera difficile. »

Un faisceau de lumière chaude émanait du moine et s’infiltrait dans le corps de l’aventurier à terre. La lumière curative fit visiblement du bien à l’aventurier.

Le sort attira naturellement l’attention des passants, et quelqu’un qui avait une bonne vue s’exclama bientôt : « Détoxication ? Non, c’est la Résurrection véritable ! »

« Un sort divin de rang 9 qu’il faut être de rang 19 pour lancer… » Tout le monde se figea, les yeux rivés sur le moine avec révérence. C’était un respect pour la force. Voyant la situation changer, les voyous disparurent dans les coins de la rue, s’en allant en un clin d’œil.

« Ugh… » Les ecchymoses sur les lèvres de l’aventurier se dissipèrent, et il cligna des yeux avant d’ouvrir complètement les yeux. Il regarda la petite dame en face de lui. « Qu’est-ce qui ne va pas, Vivian ? Où suis-je maintenant ? »

« Oncle ! Oncle, tu es réveillé ! » Des larmes scintillèrent sur le visage de Vivian alors qu’elle se jetait dans ses bras.

« Oncle, tu t’es évanoui sur la route. J’ai eu tellement peur ! Ce grand-père t’a sauvé », dit Vivian en désignant le moine.

« Merci beaucoup, grand maître ! » L’aventurier connaissait bien mieux ses aventures que la jeune fille et comprenait donc la force et les capacités de la personne qui l’avait guéri. En entendant cela, il se leva immédiatement pour remercier le moine, puis il chercha sa bourse.

Les prêtres demandaient une rémunération pour jeter des sorts à leurs fidèles. Un sort divin de haut niveau coûtait très cher.

« Ce n’est pas nécessaire… Nous, les clercs, avons le devoir d’aider les blessés et les morts… » Le moine secoua la tête et rejeta l’homme avec un sourire, puis se dirigea vers le marché d’un pas assuré. Cependant, personne n’osa le sous-estimer cette fois-ci.

En partant, les yeux sombres du moine balayèrent la zone où s’était trouvé Leylin. Ne voyant personne, il sembla perplexe.

Ce n’est qu’après que la silhouette du moine ait disparu des rues que l’aventurier est parti avec la jeune fille. C’est alors que Leylin est sorti de l’ombre.

« Tss tss… comme on peut s’y attendre d’un légendaire. Ses sens sont meilleurs que ceux de cet épéiste… » soupira Leylin, le cœur lourd. Si cet homme était également là pour contester la ville flottante, les choses seraient très difficiles pour lui. Et son instinct lui disait que c’était presque certainement le cas.

« Ugh… Il semble que plus d’une organisation soit au courant de l’apparition de la cité flottante… » Leylin avait l’air sombre, « On dirait que je vais devoir agir le plus vite possible… »

……

La nuit tomba bientôt. Des lumières et des feux apparurent partout dans le marché, éclairant la zone sombre.

Le marché était très animé, même la nuit. Cependant, une fois que la lune eut parcouru la moitié du ciel, les boutiques qui avaient été bruyantes auparavant devinrent complètement silencieuses. Les marchands et les autres rentrèrent dans leurs rêves après une longue journée.

« Vision des rêves ! » Leylin se tenait au sommet d’une tour, les yeux scintillant de lumières rouges étranges alors qu’une fissure rouge apparaissait sur son front. Des points épars apparaissaient dans toute la ville dans sa vision, scintillant comme les étoiles dans le ciel.

Ces diverses taches ressemblant à des étoiles étaient en réalité les rêves de différentes personnes. Celles de couleur blanchâtre appartenaient aux roturiers les plus faibles. Les rêves des professionnels étaient beaucoup plus éblouissants, tandis que ceux des personnes haut placées étaient brillants comme des torches. Les rêves des légendaires étaient comme des piliers de lumière s’étendant dans le ciel, évidents en un instant.

« Les rêves des humains ordinaires sont bien trop faibles. Si je ne fais pas attention, je pourrais en tuer un tas… »

Ces rêves montraient à Leylin des choses qui n’avaient pas été révélées dans la journée.

« Le premier est Jafar… Hmm, cette peau de bête, c’est quelque chose que tu as ramassé par accident. Pas étonnant que tu n’aies pas su sa vraie valeur… » Détournant son attention d’un point sombre, Leylin jeta un coup d’œil vers l’ouest, l’air sérieux.

« Comme on peut s’y attendre de la part d’un moine légendaire. Je ne peux pas voir à travers lui, ni ses rêves… De toute façon, je n’ai pas l’intention de m’occuper de lui. Le Mangeur de rêves est un atout, et je serais fou de le jouer avant même d’avoir vu la cité flottante… »

Sans l’alarmer, Leylin trouva sa cible principale. Il y avait des rêves éblouissants dans l’auberge, comme des piliers de lumière. Leylin pouvait les voir à travers le Pays des Rêves, et presque visualiser un jeune homme qui avait pratiqué l’épée depuis son plus jeune âge.

« Te voilà… » Leylin sourit légèrement, lançant une force onirique rouge foncé qui forma un globe oculaire ailé.

« Va ! » Sur l’ordre de Leylin, le globe oculaire battit des ailes et s’envola dans l’un des rêves.

Grâce à son Physique Absorbant les Cauchemars, Leylin avait atteint des sommets dans sa maîtrise de la force onirique. Avec le système de puissance différent qui lui était appliqué, la cible ne remarqua même pas le globe oculaire.

……

De nombreux marchands cherchaient à profiter du temps frais du matin pour parcourir le chemin des espoirs et des rêves. Les professionnels de haut rang commençaient également leur voyage.

« Qu’est-ce qui ne va pas, Allerie ? » demanda l’épéiste en robe blanche au sorcier qui voyageait avec eux, perplexe.

« Ce n’est rien. Je viens de me rappeler mon rêve d’hier soir, et c’était un peu dégoûtant… » La sorcière avait un air terrible et elle eut un haut-le-cœur. Elle avait des cernes sous les yeux, comme si elle n’avait pas bien dormi de la nuit.

« Un rêve ? Dégoûtant ? » L’épéiste fut surpris, mais il ne posa pas d’autres questions.

« Oui, ce n’était qu’un rêve ! » répéta-t-elle, comme pour se rassurer. Cependant, à la pensée de ce rêve si réaliste, le sorcier ne put s’empêcher de trembler, même s’il était un lanceur de sorts de haut rang.

Elle avait en effet avalé un globe oculaire ailé en entier dans ses rêves ! C’était si réaliste que sa gorge se souvenait encore de cette sensation dégoûtante et graisseuse.

« Serait-ce une malédiction spécifique… Non, non, j’ai déjà vérifié correctement. Il n’y a rien d’étrange. Ce n’était qu’un cauchemar. Mais… pourquoi ai-je rêvé de ça… » Elle avait l’air confuse et se toucha le front, « On dirait que je vais avoir besoin de quelque chose pour calmer mes nerfs ce soir… »

Dans la ville, Leylin jeta un coup d’œil à la carte qu’il tenait entre ses mains, l’air perdu dans ses pensées. La situation du petit groupe apparaissait dans une boule de cristal à côté de lui, le point de vue étant celui du sorcier.

« L’implantation a réussi. Maintenant que j’ai leur position, ils ne pourront pas s’échapper… » Leylin était plutôt satisfait de son travail. Ces guides faciliteraient son propre voyage.

En les laissant lui montrer le chemin, il pouvait suivre leur route à distance. Il n’y avait aucun danger ni problème. En les observant d’aussi loin, il était impossible qu’il soit découvert.