Traductrice : Moonkissed
Auteur : Exallion
Jour 58 – 16h42 – Université du Perpétuel Secours Dalta, Campus de Las Piñas, Route Alabang-Zapote, Barangay Pamplona Tres, Las Piñas, Metro Manila
Une réunion, que ce soit entre membres d’une même famille, entre amis ou même simplement entre deux personnes qui ne se connaissaient que de visage, c’était un événement qui n’avait que très peu de chances de se produire. Dans un monde où les infectés avaient tout envahi, le simple fait de voir les cadavres ou les corps ambulants de leurs proches était déjà un énorme miracle. Quel que soit l’espoir que l’on puisse avoir, cela ne changerait rien à ce fait.
Pourtant, malgré les circonstances qui rendaient la chose encore plus impossible, Karlene et Analynn s’étaient retrouvées. Grâce à d’étranges circonstances, elles s’étaient rencontrées alors qu’elles se trouvaient à plus de cent cinquante kilomètres l’une de l’autre lorsque l’apocalypse avait commencé. Une distance et un lieu où l’on peut dire qu’elles étaient aux antipodes l’une de l’autre.
Les retrouvailles de Karlene et d’Analynn avaient permis au groupe de ce dernier d’atténuer un peu son hostilité. Comme tout le monde dans ce monde apocalyptique, ils voulaient aussi voir leurs familles, leurs amis… Leurs proches. Voir l’un d’entre eux réussir à réaliser un tel souhait les rendait à la fois jaloux et heureux.
« Comment… Comment es-tu arrivée ici ? » demanda Analynn à Karlene, sans se soucier du fait que la saleté humide sur son visage était très désagréable à regarder. « Tu n’étais pas à Quezon pour un tournage ? »
« Il s’est passé beaucoup de choses… » répondit Karlene. « J’ai juste de la chance… »
Alors qu’ils commençaient déjà à s’interroger sur les circonstances de l’une et l’autre…
« Ahem… »
Une toux gênante se fit entendre derrière Karlene.
« Mesdames, je sais que vous êtes toutes les deux submergées par les émotions, mais pourrions-nous faire cela ailleurs ? Je ne pense pas que la galerie du dessous apprécie. »
La personne qui prit la parole était Edzel, dont le visage était légèrement rouge d’avoir dit une telle phrase. Il était évident qu’on l’avait poussé à dire de telles choses et c’est Mark, qui se tenait derrière lui, qui avait lancé le dialogue.
« D’accord… » Analynn prit la parole, gênée, avant de se retourner vers son groupe, et plus précisément vers l’homme d’une trentaine d’années qui se trouvait au centre du groupe. « Sir Edward, pouvons-nous ? »
En entendant cela, Edward scruta Karlene, Mark et Edzel pendant un moment. Il soupira.
« Invite-les. » Edward répondit à Analynn avant de se retourner en chuchotant à ceux qui l’entouraient. « Nous les laissons entrer, mais ne baissez pas vos gardes. »
« Mais ils ne sont que trois. »
Terrence s’exprima.
« Oui, il n’y a que trois personnes. L’ami de Lynn et le garçon qui a parlé sont peut-être bien, mais l’homme derrière eux est inquiétant. »
chuchota Edward.
En entendant cela, le garçon curieux tourna la tête vers Mark et vit ce dernier le fixer avec un regard mystérieux. Malheureusement, il ne pouvait pas voir le sourire de Mark à cause du mouchoir qui lui servait de masque.
C’est ce qui poussa Terrence à détourner immédiatement son regard.
***
Guidés par le groupe, les trois entrèrent dans le bâtiment par la porte située à l’arrière du bâtiment et menant aux escaliers qui descendaient au deuxième étage et au premier étage.
Terrence se précipita pour informer les autres personnes à l’intérieur des invités, mais bien sûr, ce n’était pas pour accueillir les trois, mais pour que les personnes à l’intérieur se cachent et ne sortent pas.
À l’intérieur, Mark, Edzel et Karlene furent guidés vers une certaine pièce. Comme Mark l’avait supposé, il devait s’agir du bureau du directeur de l’université en raison de la table de bureau au centre de la pièce et des meubles et décorations somptueux qui s’y trouvaient. Il y avait aussi la plaque du bureau qui était déjà placée sur le meuble d’exposition au lieu de la table.
Cela montrait à quel point ces gens étaient prudents à leur égard. Ils les avaient amenés dans une pièce isolée, ce qui faciliterait les choses si les trois donnaient le moindre signe de menace. Néanmoins, ils n’avaient pas d’autre intention que de se protéger.
Sans se préoccuper de quoi que ce soit d’autre, Karlene et Analynn s’en allèrent immédiatement dans leur monde, ce qui rendit les hommes autour d’elles plutôt gênants.
« Les femmes sont-elles toujours comme ça ? »
Terrence s’exprima sans se soucier que les deux hommes l’entendent.
« Mon garçon, laisse-les être. Je sais que tu peux comprendre pourquoi, n’est-ce pas ? »
Phillip, l’ancien instructeur, rit.
Derrière le bureau et sur le canapé en face, Edward et leurs deux invités masculins s’assirent.
« Permettez-moi de me présenter. Je suis Edward, vous pouvez dire que je suis le chef de ce groupe. Pouvons-nous vous demander ce que vous faites ici ? »
Edward parlait d’un ton neutre qui donnait l’impression de ne pas être accueillant, mais aussi de ne pas être agressif. C’était pour montrer que même s’ils ne voulaient pas d’un combat, ils n’étaient pas non plus du genre à se laisser marcher dessus.
Néanmoins, il semblait voir à travers la farce qui se passait avec le groupe de Mark puisqu’il posa cette question directement à Mark bien que celui qui était assis plus près de lui était Edzel.
« Tu peux dire que je suis leur chef ? »
demanda Mark même s’il semblait déjà s’y attendre.
« Je ne sais pas pourquoi tu mets ces deux-là devant tout en faisant semblant d’être un suiveur. C’est peut-être difficile à remarquer s’il n’y avait pas de contact entre nous, mais comme tu le vois déjà… »
répondit Edward en jetant un coup d’œil à Edzel et Karlene, ce à quoi Mark acquiesça, d’accord avec ce que disait le premier.
Son plan pour faire semblant n’était efficace que si le contact n’était pas établi. Une fois le contact établi, cependant, il montrerait à quel point Edzel et Karlene n’étaient pas aptes à être les chefs de ce groupe. Pourtant, c’était déjà bien puisqu’il était très peu probable que l’éclaireur qui observait en filature établisse le contact.
« D’accord, je ne vais pas tourner autour du pot. » Mark prit la parole et retira le mouchoir qui couvrait son visage. « Vous pouvez m’appeler Mark, celui qui est à côté de moi est Edzel et celle qui est là, je suppose que vous savez tous qui elle est. Nous sommes ici pour trouver l’emplacement de la banque de sang. »
Leur objectif avait surpris les autres personnes présentes dans la pièce. Il n’y aurait rien d’étrange à ce qu’ils cherchent quelqu’un ou du matériel. Pourtant, Mark demandait l’emplacement de la banque de sang, ce que personne ne souhaitait dans ce monde. Il n’y avait qu’une seule raison à cette surprise. C’était à cause du temps qui s’était déjà écoulé depuis le début de l’apocalypse. Même si la plupart des gens l’ignoraient, ils savaient combien de temps le sang pouvait être conservé et cette date était déjà dépassée.
Conscient de leur surprise, Mark reprit la parole.
« Vous n’avez pas besoin de savoir pourquoi. La banque de sang n’est importante pour aucun d’entre vous ici, n’est-ce pas ? Je doute qu’il y ait des implications à poser cette question. »
En entendant cela, Edward acquiesça. Il n’y aurait pas d’implications pour leur groupe et il n’y avait aucun problème à leur dire l’emplacement de la banque de sang.
Cependant…
« La banque de sang ? » Analynn s’exclama et se tourna vers Karlene. « Vous ne pouvez pas y aller ! »
« Qu’est-ce qui ne va pas ? »
demande Mark.
« Vous cherchez peut-être la banque du sang sur le campus, n’est-ce pas ? » Phillip prit la parole. « Malheureusement, cette banque de sang a déjà été temporairement déplacée au centre médical après que des problèmes soient survenus dans le bâtiment principal du campus. Une fuite dans le congélateur, voyez-vous. La réparation n’a jamais été effectuée et la seule banque de sang se trouve donc au centre médical. »
En entendant cela, Mark soupira. Il avait l’impression d’être dans une quête RPG continue où il devait aller loin après avoir atteint l’objectif actuel.
Néanmoins, ils savaient maintenant pourquoi Analynn ne voulait pas que Karlene se rende dans un tel endroit.
« Savez-vous quelle est la situation au Centre Médical ? »
demanda encore Mark.
Cette question fit baisser les épaules de tout le monde.
« Le centre médical est bien pire que le terrain de l’école qui se trouve devant. »
Edward soupira. Il semblait qu’ils y étaient déjà allés et que les choses s’étaient mal terminées.
« Le centre médical est rempli de zombies. Terrence prit la parole. Il y a aussi beaucoup de zombies étranges.
– Un hôpital rempli d’infectés mutants… Mark hocha la tête en signe de contemplation. Ce n’est pas surprenant, je suppose. »
Il se tourna ensuite vers Edward.
« Quelqu’un sait-il où se trouve la banque de sang ? Dessinez une carte si possible.
– C’est… »
Tout le monde était confus. Ils avaient déjà dit à quel point c’était dangereux et pourtant, Mark n’était pas du tout perturbé.
« Vous n’avez pas à vous inquiéter pour nous. Donnez-nous juste une carte de l’emplacement de la banque de sang et nous ne vous dérangerons plus. Et puis… » Mark détacha le katana de couleur noire qu’il portait dans son dos. « Je le donnerai à quiconque pourra me donner la carte. Vous avez des armes à feu, mais vos armes de mêlée sont minables. »
En voyant le marché, les yeux de tout le monde s’illuminèrent. Pour les séduire davantage, Mark dégaina même l’épée pour leur montrer la lame noire.
Cependant, tous ne connaissaient pas parfaitement l’endroit. Ils ne pouvaient que se tourner vers le vieil instructeur.
« D’accord, je vais dessiner la carte. »
Phillip secoua la tête avec un sourire amer. Il était également intéressé par l’épée. Qui ne voudrait pas avoir plus d’assurance dans ce monde plein de dangers ?
Phillip dessina donc la carte avec une précision inhabituelle. Il semblait non seulement connaître les lieux, mais il n’était pas faux de dire qu’il y vivait depuis plus d’une décennie. Il n’était pas seulement instructeur, mais aussi médecin en cas d’urgence.
Cependant, pendant qu’il était en train de dessiner la carte…
Mark se leva et se dirigea vers la fenêtre qui donnait sur le terrain de l’école. Il ne regardait pas le terrain de l’école, mais la direction de la rue à l’arrière de l’école.
Tout le monde ne comprenait pas pourquoi il se comportait ainsi. La seule chose qu’ils pouvaient entendre était Mark qui murmurait des chiffres comme s’il comptait quelque chose.
« Boss, ils sont arrivés ? »
Edzel posa une question qui pouvait facilement être mal comprise. Cela poussa certains hommes à redoubler de vigilance. Heureusement, Edward et Phillip réussirent à lire l’expression inquiète d’Edzel et si les gens de Mark préparaient vraiment quelque chose de sinistre, Edzel ne l’exprimerait pas ici.
« Ouais, ces idiots sont arrivés. Ils ont l’air d’y aller à fond avec quatre-vingt-seize personnes dans leur groupe. »
Les mots de Mark firent comprendre aux autres qu’Edzel ne parlait pas de leurs alliés, mais de leurs ennemis. Ce chiffre suffit à les faire trembler.
De façon inattendue…
« Vous avez besoin d’aide ? »
demanda Edward.
« Vous voulez nous aider alors que nous sommes en infériorité numérique et que vous ne nous connaissez pas du tout ? Vous pouvez aussi nous blâmer puisque c’est nous qui les avons amenés ici, en quelque sorte. »
demanda Mark.
À cette question…
« La conduite des criminels n’est pas la faute de la victime. »
Edward répondit en se mordant la lèvre. Non seulement lui, mais les autres aussi avaient des visages disgracieux en entendant ses paroles. Ils avaient peut-être vécu quelque chose de mauvais qui était lié à ces mots.
Devant ces réactions et ces paroles, Mark sourit.
« Vous êtes des gens rares dans ce monde. »
Mark leur fit face avec un sourire sinistre.
« Vous n’avez rien à faire. Nous savions qu’ils nous suivaient depuis tout ce temps.
– Si vous saviez… alors… »
Phillip prit la parole avec une expression incrédule.
« C’est vrai, j’ai prévu de m’occuper de ces gens ici. Vous n’avez donc rien d’autre à faire que de regarder le spectacle plus tard. »
Mark regarda Phillip.
« Continuez aussi à dessiner la carte, s’il vous plaît. »
Après cela, Mark se tourna à nouveau vers la fenêtre et ferma les yeux. Personne ne savait ce qu’il faisait.
Pourtant, ils l’avaient remarqué. Non seulement Mark, mais aussi Edzel et Karlene n’avaient pas peur, même s’ils savaient qu’un grand nombre d’ennemis arrivaient.
Edward se dirigea également vers la fenêtre et essaya de voir s’il pouvait apercevoir quelque chose. Cependant, il ne pouvait voir que le terrain de l’école infestée, car le parking et la rue derrière l’école n’étaient pas du tout visibles.
Alors qu’Edward s’interrogeait, il entendit Mark parler d’une petite voix.
« Vous avez l’air bien. Surtout toi. Tu veux rejoindre ma base ?
– Votre base ? »
L’homme était intéressé. Plutôt que d’être piégé dans cette école, il valait mieux rejoindre une base de survivants.
« Oui, c’est dans les montagnes du general Nakar. »
Edward fut surpris. Il ne put que secouer la tête.
« C’est trop loin. Je ne veux pas prendre le risque. Surtout que… »
Sa voix s’éteignit.
« Tu n’as pas à prendre de décision maintenant. De plus, l’offre ne s’adresse pas qu’à toi et je ne verrais pas d’inconvénient à ce que tout ton groupe se joigne à nous. »
La voix de Mark devient alors mystérieuse.
« Tu pourras te décider après avoir assisté à tout ce qui se passera ce soir. »