Traductrice : Moonkissed
Auteur : Exallion
Jour 53 – 12h11 – Résidence Guevarra, Salon VIP des Résidences, Bâtiment Est des fonctionnaires du gouvernement, District Nord, Colonie de Bay City, Ville de Pasay, Metro Manila
C’était l’heure du déjeuner à la résidence Guevarra. Cependant, au lieu de déjeuner avec sa famille, il était en compagnie du membre du Congrès Escobar, même s’il n’entretenait pas de très bonnes relations avec lui. Un autre membre du Congrès, Santiago, était également présent, le dernier des leaders de l’alliance avec le sénateur Estrada.
« Les choses empirent. »
dit Raver en fronçant les sourcils. Bien qu’ils aient devant eux des plats de qualité supérieure qu’ils avaient commencé à manger il y a plus de dix minutes, les trois hommes n’avaient même pas encore touché leur cuillère.
Hier, le sénateur à la retraite Osmeña et toutes les équipes de survivants sous ses ordres avaient été tués. Osmeña avait été retrouvé mort dans sa résidence avec ses gardes décédés et les membres de sa famille confinés, tandis que les équipes sous ses ordres avaient été retrouvées mortes dans leurs résidences.
D’après ce qui s’était passé hier, il n’y avait qu’une seule personne que l’on pouvait soupçonner de ce qui s’était passé, et c’était le sénateur Estrada. Non seulement les assaillants étaient des personnes vêtues qui étaient très probablement les mêmes que celles que le sénateur Estrada avait appelées hier, mais comme il n’y avait pas la moindre trace d’intrusion dans la résidence et que c’était comme si les assaillants s’étaient évanouis dans l’ombre, les descriptions correspondaient tout à fait aux hommes du sénateur.
Maintenant, ils ne pouvaient s’empêcher de craindre pour leur vie et commençaient à se demander ce qui avait bien pu leur passer par la tête lorsqu’ils avaient rejoint l’alliance.
« Où sont Asucena et Monteroso ? Ils sont en retard. »
Le député Escobar ignora les propos de Raver et posa sa propre question d’un air mécontent. Même si ce n’était pas vraiment la faute des deux, le stress qui lui tapait sur les nerfs rendait le sénateur Escobar encore plus irritable qu’à l’accoutumée.
« Il vaut mieux que vous vous détendiez d’abord. Nous n’arriverons pas à une conclusion si vous êtes tous les deux influencés par vos émotions. »
Le député Santiago tente d’apaiser les deux hommes, même s’il était lui-même stressé.
À l’exception du sénateur Osmeña, décédé, et du principal suspect, le sénateur Estrada, Raver avait invité les autres dirigeants de l’alliance à proposer un plan ou une solution pour contrer les horreurs qui leur arrivaient. Outre la mort du sénateur Osmeña hier, ils avaient tous été informés de la mort de plusieurs équipes sous leur commandement.
En raison des nombreux cas d’équipes de survivants disparues et retrouvées mortes ces derniers jours, les autres équipes de survivants, qu’elles soient sous contrat ou non au sein de la colonie, avaient commencé à avoir peur de sortir. Beaucoup avaient commencé à demander à l’armée de trouver l’origine de ce désordre, mais bien sûr, aucune piste n’avait été trouvée jusqu’à présent. Le seul témoin ayant vu les coupables avait même été tué par les hommes du sénateur Estrada. Maintenant, ils craignaient que le sénateur Estrada ne soit vraiment à l’origine de cette affaire.
Alors qu’ils se creusaient la tête pour trouver ce qui pourrait les sortir de ce pétrin, la porte de la salle à manger de Raver fut ouverte d’un coup sec. Les trois ne purent s’empêcher de sursauter et leurs gardes s’apprêtèrent à se battre, mais ils furent soulagés lorsqu’ils virent le sénateur Asucena se précipiter à l’intérieur. Cependant, son visage était pâle et il haletait. Il semblait s’être précipité ici avec ses gardes derrière lui. De plus, ses gardes étaient deux fois plus nombreux.
« Sénateur Asucena, que vous arrive-t-il ? Où est le sénateur Monteroso ? Lui et sa famille vivent à côté de votre résidence, n’est-ce pas ? »
demanda le député Escobar en fronçant les sourcils. Il s’attendait manifestement à une mauvaise nouvelle, mais il avait tout de même posé la question.
Le sénateur Asucena regarda le député Escobar d’un air horrifié.
« Monteroso, il est mort. De plus, personne n’a été épargné dans sa résidence. Ses gardes et même ses deux fils ont été retrouvés morts. »
À l’annonce de cette horrible nouvelle, l’atmosphère à l’intérieur de la salle se refroidit. La deuxième personne de leur alliance était tombée.
« Comment est-il mort ? Les militaires sont-ils déjà au courant ? »
demanda le député Santiago.
« Ils enquêtent déjà sur les lieux. Tout ce que je sais, c’est que ses belles-filles et sa femme, qui sont sorties ce matin, sont revenues une heure plus tard et ont trouvé la scène dans cet état. Elles ont immédiatement informé l’armée car l’une de leurs belles-filles avait un parent dans l’armée. »
Le sénateur Asucena, qui vacillait, s’était approché de la table et s’était assis en répondant.
« Comment le sénateur Monteroso est-il mort ? Est-ce la même chose que pour le sénateur Osmeña ? »
demanda Raver. Mais le sénateur Asucena secoua la tête, le visage sombre.
« J’ai vu son corps. Il n’a pas été tué, mais plutôt découpé en dés et grillé. Seule sa tête, qui avait un air terrifiant sur le visage, est restée entière. Tout son corps est méconnaissable. »
En entendant cela, Raver et les deux membres du Congrès se tournèrent vers leur nourriture. C’était de la viande grillée et coupée en dés. Ils repoussèrent tous les trois leur nourriture, leur appétit étant chamboulé. Même s’il s’agissait de viande d’un animal mutant, ce qui était un luxe dans la colonie, ils ne pouvaient s’empêcher d’imaginer ce que le sénateur Asucena venait de décrire.
« Qu’allons-nous faire maintenant ? Nous serons les prochains, c’est sûr. »
Le sénateur Santiago s’exprima d’un air sombre. Deux d’entre eux étaient déjà tombés. Que ce soit le sénateur Estrada qui l’ait fait ou non, ils étaient certainement en danger.
« Devrions-nous demander de l’aide à l’armée ? »
suggéra Raver.
« Et alors quoi ? On avoue tout ? »
Le député Escobar se renfrogna.
« Pourquoi n’essayes-tu pas de proposer quelque chose si tu n’es pas satisfait de ma solution ? »
Le député Escobar se tut. En fait, il n’avait rien à proposer.
« Retenons la suggestion de Raver. » Le député Santiago intervient, ce qui amena tout le monde à se tourner vers lui. « Nous pouvons simplement dire que le sénateur Estrada nous a forcés à le rejoindre. Il est également vrai que nous n’avons rien à voir avec ses plans puisqu’ils viennent de lui et que ceux qui les ont mis en œuvre sont ses hommes. »
En entendant cela, les trois autres furent convaincus. Ils décidèrent de quitter le déjeuner et de contacter l’armée dès que possible.
Une fois la salle à manger vidée, deux silhouettes humaines apparurent de nulle part et se transformèrent en brume noire qui s’envola par la fenêtre et se dirigea vers le toit de l’immeuble.
***
Jour 53 – 13h16 – Toit, résidences des fonctionnaires, district nord, Colonie de Bay City, Ville de Pasay, Metro Manila
« Les voilà qui s’en vont. »
dit Mark en regardant plusieurs véhicules quitter les résidences. À l’intérieur de ces véhicules se trouvaient les membres de l’alliance du sénateur Estrada et leurs gardes.
« Est-ce que c’est vraiment bien de les laisser contacter l’armée ? »
demanda Mei.
« C’est très bien. Il suffit de les laisser se sentir un peu en sécurité. Ensuite, nous frapperons quand ils penseront qu’ils sont déjà en sécurité.
– D’accord. »
Mei acquiesça.
« Bon, nous allons prendre le reste de la journée pour nous préparer. »
dit Mark en s’étirant les bras et le dos. Ce qu’il venait de dire rendit Mei confuse.
En réponse à sa mignonne inclinaison de tête, Mark lui caressa la tête et parla.
« Tu les as bien entendus ? Ils vont rejeter toute la responsabilité sur Estrada. C’est sûr que les militaires vont l’affronter et que ça va devenir un combat sanglant parce que le gars va évidemment résister. Nous ne savons pas combien de membres de cette organisation sont encore présents dans la colonie, car ils sont très difficiles à détecter, mais il est certain qu’ils sont tous puissants. Des soldats normaux ne pourront pas les vaincre.
– Je vois. Mei acquiesça. Quand les soldats seront acculés au pied du mur, nous nous montrerons, n’est-ce pas ?
– Oui. Mark sourit. Endettons les militaires. De cette façon, nous pourrons obtenir plus de choses d’eux sans trop d’opposition, en particulier leurs recherches top secrètes.
– Gege est si rusé.
– Il est contraire à mes principes de voler mes alliés, alors il nous faut juste un moyen de les empêcher de refuser si nous le leur demandons. Mark haussa les épaules et sourit d’un air sinistre. D’ailleurs, c’est peut-être le plan de cette alliance de s’occuper de toi, mais les militaires ont aussi leur part de responsabilité puisqu’ils n’ont pas réussi à te protéger.
– Gege, tu es encore en colère ? Ta prémonition ne s’est pas produite et je suis toujours là.
– Je sais. Mais tu sais ? Le sentiment d’avoir eu cette prémonition est similaire à celui de te voir mourir, toi et tout le monde, sans pouvoir faire quoi que ce soit. Après mon réveil, plutôt que de me réveiller d’un cauchemar, c’est plutôt comme si je retournais dans le passé pour réparer les choses. C’est pourquoi, même si les choses se sont passées différemment… Le mauvais sentiment est toujours là.
– Ce n’est pas grave. »
Sentant la colère bouillir en Mark qui montrait rarement ses émotions, Mei le serra fort dans ses bras en essayant de le calmer.
Mark regarda Mei.
« J’ai pris une décision. Si tu deviens une mutatrice, quelle capacité veux-tu ?
– Hmm… »
Mei connaissait déjà le [PsyCrystal] et les [Cristaux physiques]. C’est pourquoi elle réfléchissait sérieusement à ce qu’elle voulait.
« Pourquoi pas la capacité de voler ? Quelque chose comme des ailes ? Comme ça, je pourrai soutenir Gege partout et m’échapper facilement si nécessaire. »
demanda-t-elle, ce qui poussa Mark à se gratter la tête.
« C’est difficile… Je n’en ai que deux qui peuvent voler et les deux ont des ailes de chauve-souris… » Marc était troublé. « Je préférerais que tu aies celles d’une colombe ou d’un cygne si tu voulais des ailes. »
Mark parlait de la mutation [Dragonification noire] qu’il avait reçue du chef de la colonie de la Vallée de la mort, Adrik Volkov. La seconde était plus récente, il s’agissait de la mutation [Ailes de chauve-souris].
D’une seule pensée, deux [Cristaux physiques] apparurent dans sa main.
« Je veux vraiment garder celui-ci pour autre chose, mais si tu le veux, je te le donnerai. »
Mark montra le [Cristal physique de dragonification noire] et expliqua à Mei ce que c’était.
« Quant à celui-ci, je l’ai obtenu grâce à quelque chose que tu connais bien.
– Hmm ?
– Tu te souviens du [Type Leader] infecté par des ailes de chauve-souris ? Ce type est très intelligent, alors j’ai réussi à obtenir sa mutation. »
dit Mark en jouant avec l’autre cristal. C’était à l’époque, lors du survol de NAIA, lorsqu’il avait tué l’infecté volant avant de s’approcher de Mei. En plus du cristal, il y avait aussi quelque chose d’autre qu’il avait obtenu de cet infecté.
« Je ne suis pas très difficile, ça suffira. »
Mei sourit et prit le cristal avec la mutation [Ailes de chauve-souris].
Voyant son sourire satisfait, Mark haussa les épaules.
« Et si je me faisais pousser le même genre d’ailes ? »
Mei fut surprise par ce qu’il disait.
« Est-ce possible ? »
À cette question, Mark sortit de son sac une bouteille de médicaments en plastique, solidement enveloppée d’un tissu doux. Lorsque le bouchon de la bouteille fut retiré, la puanteur du sang s’en échappa.
« Les autres ne peuvent pas, mais moi, je peux. »
Les yeux de Mei s’illuminèrent et elle attrapa le bras de Mark comme un enfant qui supplie qu’on l’emmène dans un parc d’attractions.
« Alors, allons-y ! Gege et moi aurons la même paire d’ailes ! »
Voyant son expression enfantine, la colère de Mark se dissipa soudainement et son sourire devint doux. Ce sourire rendit Mei encore plus ravie.
« Très bien, retournons d’abord à l’église. Je te demanderai d’utiliser ce cristal. Tu as aussi ce cristal dans la bouteille, n’est-ce pas ? »
demanda Mark alors que Mei sortait la bouteille de sa chemise qui était attachée à un collier qu’elle portait. C’était le seul cristal qui n’était pas en possession de Mark après qu’il soit devenu un mutateur. C’était le cristal le plus précieux pour Freed, car il s’agissait de la capacité psychique qui lui venait de sa sœur.
Maintenant, Mark avait décidé que Mei l’aurait en même temps que cette paire d’ailes de chauve-souris.
Une fois les choses décidées, Mark et Mei disparurent du toit.
***
Le tic-tac de l’horloge s’accéléra. L’alliance politique était totalement rompue et les autres membres avaient décidé de se ranger du côté des militaires. Une confrontation qui dicterait le destin de Bay City était inévitable.
Heureusement, Mark avait décidé de se préparer…
En effet, les forces actuellement présentes à Bay City ne seraient pas les seules à être présentes à ce moment-là.