SEMAINE SPECIALE MONDE DES ARTS MARTIAUX A PARTIR D’AUJOURD’HUI. 1CHAP/JOUR JUSQU’A DIMANCHE PROCHAIN.
« Penses-tu que j’aurais pu m’échapper si je ne leur avais pas donné ces sabres ? » demanda Lin Ming en tranchant les hautes herbes, un léger sourire sur les lèvres.
Na Yi resta silencieuse. Lin Ming n’était effectivement qu’un jeune homme à la Transformation Musculaire et ne représentait aucune menace pour les deux bandits, même désarmés.
Cette remarque prouvait néanmoins que Lin Ming n’était pas complètement stupide, puisqu’il avait conscience de sa situation.
« Que comptes-tu faire du coup ? Les droguer ou les paralyser ? A quoi bon ? demanda finalement Na Yi.
– Je ne sais pas si cela fonctionnera, mais il faut que j’essaie. Au final, n’est-ce pas la même chose pour toi ? Je pensais que ces deux types connaissaient le chemin de ce ‘site ancien’, mais en fait c’est toi qui les y guides. Crois-tu vraiment qu’ils vous laisseront partir ta sœur et toi après avoir dérobé le trésor ? » répondit Lin Ming.
Na Yi tressaillit faiblement. Cette question lui avait déjà inévitablement traversé l’esprit.
« Ne t’inquiète pas pour ça ! coupa-t-elle sèchement.
– Evidemment que je m’inquiète. Et si tu changeais d’avis pour nous conduire dans un piège perdu au milieu de nulle part ? Ce serait trop injuste que je meurs de cette manière.
– J’ai prêté deux serments absolus à la mort de mes parents, dont le premier est de protéger ma sœur au péril de ma vie et de garantir sa sécurité quoi qu’il advienne de nous. Alors ne t’inquiète pas, je ne la laisserai pas périr dans un ‘piège perdu au milieu de nulle part’ », acheva-t-elle avec détermination et froideur, avant de redevenir silencieuse.
Ces deux serments représentaient son plus grand secret. Elle n’aurait jamais pensé en révéler un à un étranger. Mais maintenant que la mort était si proche, comment allait-elle réussir à les tenir ?
Lin Ming fut ému. Il regarda derrière lui en direction de Na Yi et vit cette jeune fille innocente tourner silencieusement la tête pour porter son regard vers l’horizon. Son corps n’avait pas terminé de grandir et, même du haut de son cheval, elle pouvait à peine voir au-dessus du sommet des herbes.
Vu son jeune âge, il était bien difficile d’imaginer qu’un tel fardeau puisse déjà reposer sur ses épaules encore tendres. Mais puisqu’elle avait mentionné deux serments, le second était-il de venger la mort de ses parents ?
Lin Ming continua de faucher les herbes en silence quand, soudainement, un frisson le fit tressaillir. Il venait tout juste de remarquer la présence d’un serpent géant à seulement quelques dizaines de mètres. Son corps recouvert d’écailles aux motifs étranges était sombre comme la nuit et mesurait plus de quinze mètres de long. Les serpents venimeux des Etendues Sauvages Australes comptaient parmi les espèces les plus mortelles.
Qu’une bête aussi énorme puisse être aussi toxique donnait la chair de poule.
Lin Ming ne perdit pas son sang-froid mais resta secrètement sur le qui-vive.
Le groupe continua encore sur plusieurs mètres avant que le chauve ne lève brusquement la main dans laquelle il tenait le sabre. Il avait probablement lui aussi repéré la présence du reptile.
Son frère et lui avaient beau être des sales types, ils n’en connaissaient pas moins énormément sur la faune et la flore locale. Ce qui expliquait d’ailleurs pourquoi ils étaient toujours en vie après autant d’années à parcourir cette région hostile.
« Fait ch*er ! Un anaconda à motifs, quelle poisse ! A sa taille, je dirais qu’il doit avoir la force d’un artiste martial à la Condensation de l’Impulsion. » Le chauve fronça les sourcils et sortit un instrument de musique à l’apparence étrange de sa besace. L’on aurait dit une tige de roseau percée en plusieurs endroits.
L’homme mit le pied à terre et, mobilisant un petit peu de véritable énergie, se mit à jouer une mélodie.
L’on pouvait ressentir un soupçon de véritable énergie fluctuer à travers les notes. Tandis qu’il jouait, le chauve se mit à se déplacer à un rythme étrange en balançant ses jambes d’un côté et de l’autre. L’effort qu’il déployait le faisait frissonner et lui donnait une apparence particulièrement hideuse.
Lin Ming trouva la scène amusante. Mais à sa grande surprise, le serpent sembla presque immédiatement tomber dans un état d’hypnose et se mit à se balancer de droite à gauche avant de s’éloigner.
« Intéressant… » Lin Ming avait pu voir et découvrir un grand nombre de méthodes différentes grâce auxquelles les habitants des Etendues Sauvages Australes parvenaient à se protéger des bêtes féroces et créatures venimeuses en tout genre. Il s’attendait initialement à devoir se battre, mais en réalité, la quasi-totalité des dangers sur le chemin furent repoussés par ces deux types à l’aide de méthodes fascinantes et non conventionnelles. Ils n’utilisaient la force que face aux plus faibles des créatures.
Ainsi, grâce aux connaissances des deux hommes, le groupe ne rencontra pas davantage de danger que de surprise en s’enfonçant dans la jungle, et Lin Ming fut préservé de nombreux efforts.
Le morceau de musique sembla tout de même avoir nettement affaibli l’homme à la forte carrure, qui semblait à bout de souffle. Il sortit des herbes médicinales de son sac à dos et commença à les mâcher.
Il s’agissait d’herbes capables de restaurer en partie la véritable énergie. Leur effet n’avait rien d’exceptionnel mais elles présentaient l’intérêt d’être bon marché. Les pierres de véritable énergie étaient nettement plus efficaces, mais aussi nettement plus chères, et donc absolument inabordables pour ces deux hommes.
« Allons-y », dit fièrement le chauve après s’être léché les lèvres. Il n’était pas peu fier du succès de son morceau de musique.
Le groupe continua ainsi à avancer sans encombre jusqu’à la tombée de la nuit, où ils se retrouvèrent bloqués au pied d’une falaise. En levant la tête, Lin Ming fut étonné de voir qu’elle s’élevait de plusieurs centaines de mètres. Il y avait vraiment de quoi se sentir tout petit.
Jusqu’à maintenant silencieuse, Na Yi prit alors la parole : « C’est là. Nous pouvons entrer dans la Terre Sacrée du Sorcier à partir d’ici.
– Mm ? » L’homme à la tête de singe sourit de joie. « Où est l’entrée ? Comment est-ce qu’on y accède ? » demanda-t-il avec empressement. Mais Na Yi ne lui répondit pas.
Contrarié, l’homme fronça les sourcils et ajouta d’un ton froid : « Ecoute moi bien ma petite, ne t’avise pas de me jouer des tours. Tu vas me dire où aller sur le champ !
– Je vous le dirais si vous relâchez ma sœur.
– Impossible. J’ai dit que je ne le ferai qu’après avoir obtenu le pouvoir du Sorcier et être ressorti sain et sauf du sanctuaire. D’ici là, ne compte pas sur moi pour la relâcher. Tu ferais bien de ne pas me prendre pour un idiot. Les élus sont les seuls autorisés à fouler la Terre Sacrée du Sorcier, alors qui sait quels pièges et labyrinthes pourraient nous y attendre. N’espère pas nous conduire dans un traquenard une fois ta petite sœur libérée.
– Encore une fois, libérez ma sœur et je prêterai serment de vous conduire au pouvoir du Sorcier. Je le jurerai sur son propre nom ! Soit ça, soit vous n’aurez rien du tout.
– Hehe, que ne pourrais-je pas avoir ? » demanda le chauve avec un sourire lubrique. « Non, si on ne peut pas obtenir le pouvoir du Sorcier, au moins on se paiera du bon temps avec vous deux. Quel genre de personne voudrait voir sa petite sœur se faire… haha ! ha ! »
Na Shui pâlit en l’entendant et se cacha derrière Na Yi.
Lin Ming fronça les sourcils. Il ne pouvait pas encore passer à l’action contre les deux hommes, pas tant que leur mission n’était pas accomplie.
Na Yi ne prononça pas le moindre mot et confronta froidement les deux frères du regard. Elle n’avait pas la moindre intention de céder.
« Reste tranquille une seconde et arrête de parler autant. Aucune femme ne sera hors de ta portée une fois le pouvoir du Sorcier en notre possession », réprimanda l’homme à la tête de singe envers son acolyte par le biais de véritable énergie.
Puis il se tourna vers Na Yi et lui dit : « Tu veux prêter un serment sur le nom du Sorcier, alors même que tu l’as déjà trahi pour nous avoir conduit sur sa Terre Sacrée ! Comment veux-tu que je te fasse confiance ? »
Na Yi resta silencieuse quelques instants, puis déchira finalement l’une de ses manches, révélant une peau pure et lisse. Un point rouge ressortait sur le haut de son avant-bras ; c’était une marque de pureté réalisée à partir de l’essence du corps d’un lézard nourri sur une longue période au cinabre.
Deux tâches circulaires dorées apparaissaient en dessous.
Na Yi passa délicatement ses doigts sur la marque et les deux points dorés se détachèrent. Lin Ming vit très distinctement deux scarabées dorés. Enroulé sur eux-mêmes, on aurait dit des perles dorées.
« Parasite du Lien de Sang ? » murmura l’homme à la tête de singe en les apercevant tandis que son teint se décolorait.
Les habitants des Etendues Sauvages Australes étaient spécialisés dans l’art de la sorcellerie. Certains étaient d’ailleurs capables d’élever des insectes venimeux, qui ne manquaient pas dans la région.
« Qu’est-ce que c’est qu’un Parasite du Lien de Sang ? demanda le chauve. Il n’avait jamais entendu parler d’une chose pareille.
– C’est une variété d’insectes monogames qui ne vivent que par paire. En tant que parasite, ils ne peuvent survivre qu’en se nourrissant de sang humain. Leur hôte doit donc être vivant et en bonne santé. Un Parasite du Lien de Sang ne peut former qu’une seule paire. Si l’un des deux meurt, l’autre l’accompagnera rapidement. En sachant qu’une fois mort, le corps du parasite pourrit et libère une quantité colossale de poison.
– Qu’est-ce que cela signifie ? » L’homme chauve ne comprenait pas où son acolyte voulait en venir.
L’homme à la tête de singe reprit : « J’imagine que la petite veut placer un Parasite du Lien de Sang dans le corps de sa sœur et dans celui de l’un d’entre nous. Les parasites devant boire du sang pour survivre, si sa petite sœur meurt, son parasite mourra avec elle en emportant celui qui se trouve dans l’un d’entre nous, le tout en libérant un poison mortel.
– C’est aussi cruel ? » demanda le chauve, le visage livide et le regard plein d’appréhension alors que ses yeux étaient fixés sur les deux petits scarabées dorés.
« Les hommes peuvent faire toutes les promesses du monde, au final, ils sont toujours imprévisibles. Le poison en revanche est aveugle, il est inébranlable dans sa loyauté ! Avec cette paire de Parasites du Lien de Sang, vous ne pourrez pas tuer ma sœur et je ne pourrai pas non plus essayer de me débarrasser de vous. Acceptez mes conditions, laissez-moi placer les parasites et je continuerai de vous guider. Si vous refusez, je me suicide sur le champ ! » dit Na Yi avec résolution.
L’homme à la tête de singe regarda les deux scarabées dorés avec préoccupation. Il hésita un instant avant de serrer les dents et de répondre : « Tu peux utiliser les insectes. Mais commence d’abord par l’utiliser sur ta sœur. »
Na Yi acquiesça et, se tournant vers sa sœur, lui dit : « Donne-moi ton bras Na Shui. »
La jeune fille se mordit les lèvres et s’exécuta, tendant son bras à sa grande sœur.
Na Yi y plaça le Parasite du Lien de Sang. Le scarabée se fraya alors immédiatement un chemin sous la peau.
« Aah ! » cria nerveusement Na Shui.
Une légère protubérance apparut sur son bras, puis la bosse se déplaça à vue d’œil jusqu’à pénétrer dans les vaisseaux sanguins, quelle remonta pour venir se loger dans son cœur.
Son visage était tout pâle et ses lèvres tremblaient légèrement. C’était une scène effrayante pour une petite fille. La douleur et les picotements du parasite traversant son corps pour arriver jusqu’à son cœur furent insupportables.
Après un court instant, elle passa ses bras autour de sa poitrine, comme pour s’étreindre elle-même. L’idée qu’un parasite soit logé dans son cœur n’avait naturellement rien de réjouissant ou d’agréable.
« Tout va bien Na Shui. Le Parasite du Lien de Sang ressortira naturellement de ton cœur à travers ton sang d’ici trois ans. Il ne te blessera pas, tenta de réconforter sa sœur.
– Mm », acquiesça l’intéressée à contrecœur.
Lin Ming avait observé la scène sur le côté avec beaucoup d’attention. Quoiqu’il n’ait jamais entendu parler de cet insecte, il avait compris en suivant la conversation qu’il s’agissait d’une sorte de contrat. Cependant, de ce qu’il en avait compris, le lien n’était pas si contraignant ou solide que cela. Lin Ming était persuadé de pouvoir anéantir le contrat pour éviter d’en déclencher les effets.
